Avez-vous déjà entendu parler de croquettes vegan pour chiens et chats ? Certaines personnes donnent en effet à leur animal de compagnie une alimentation végétale, souvent en accord avec leur mode de vie. Que faut-il en penser ? Réponses.
La considération pour la vie non humaine va croissante dans notre société, en parallèle de préoccupations de santé et de la préservation de l’environnement. Des motivations qui ne sont pas injustifiées (1). Elles s’accompagnent de changements de comportements et de consommation. C’est dans ce contexte que se développe le mouvement vegan, une idéologie reconnaissant le droit à la vie et le respect de l’intégrité des autres espèces. Les vegans ne consomment ni viande ni aucune autre matière animale. Mais leurs animaux de compagnie ?
Selon une étude de 2019, 27 % des propriétaires d’animaux qui seraient végétaliens donneraient une alimentation végétale à leur animal, mais l’intention de le faire serait portée à 78 % s’ils avaient connaissance de croquettes vegan (méconnaissance du marché) (2). Ainsi, 1,6 % des chiens et 0,7 % des chats seraient nourris avec un régime végétal au Royaume-Uni.
Il n’y a pas de jugement à porter sur la décision que prend une personne de fournir un certain type d’alimentation à l’animal, tant que cela remplit les besoins nutritionnels de ce dernier et qu’il n’y a pas d’incidence négative sur sa santé. Et si le choix de croquettes vegan pour chiens et chats peut être un choix mal compris, nombreux sont les propriétaires qui se trouvent confrontés à un véritable dilemme : offrir au chien ou au chat une alimentation qui correspond à ses besoins physiologiques (avec des produits d’origine animale) ou lui donner des croquettes vegan en accord avec leur ligne éthique. C’est ce que l’on appelle le « dilemme du végétarien » (1), un mal connu, occasionnant un sentiment de culpabilité et des conflits internes.
Les croquettes vegan sont-elles adaptées pour les chiens et chats ?
Toujours selon l’étude de 2019, 74 % des personnes interrogées sur l’alimentation végétale pour les animaux de compagnie seraient préoccupées par le bon apport nutritionnel de ce type de nourriture, une inquiétude compréhensible compte tenu des directives nutritionnelles publiées par la FEDIAF (L’industrie européenne des aliments pour animaux de compagnie) pour une ration équilibrée et complète. C’est d’autant plus vrai pour le chat, carnivore strict au besoin de taurine, de vitamine A ou B12 (4, 5).
L’industrie a mis au point des formules d’aliments considérés comme équilibrées. Aux États-Unis, une étude a analysé les apports nutritionnels de plusieurs aliments végétariens pour animaux de compagnie : l’adéquation des apports nutritionnels variait d’une marque à l’autre et certaines, qui avaient pourtant passé les tests AAFCO (American Feed Control Officials) avec succès ne présentaient pas toutes les qualités requises pour être considérées comme un aliment complet (6).
Un défaut dans les mentions de l’étiquetage a aussi été mentionné (aliments présents mais non notés, profils nutritionnels inadaptés, etc.). Si ces éléments n’aident pas à accorder la confiance aux croquettes vegan, ils ne leur sont pas exclusivement liés, car on retrouverait les mêmes manquements dans l’ensemble de l’industrie (7).
Que faire alors ? Il est recommandé aux personnes ayant fait le choix de croquettes vegan pour leur animal d’effectuer des bilans sanguins réguliers afin de vérifier la présence éventuelle de carences. La réalité, c’est que nous disposons de peu d’études sur l’équilibre nutritionnel fourni par les croquettes vegan pour chiens et chats et que nous n’avons pas non plus suffisamment de visibilité à moyen ou long terme pour en évaluer l’impact sur la santé.
Ceci dit, l’industrie des aliments pour animaux de compagnie est dictée par les tendances des consommateurs et la progression de l’intérêt porté à l’alimentation végétale devrait conduire à de nouvelles études futures sur la nourriture végétarienne et vegan pour les animaux de compagnie. À la clé, la recherche d’alternatives végétales efficaces d’un point de vue nutritionnel, mais aussi et surtout disponibles. Car la considération du bien-être des animaux d’élevage n’est pas la seule à entrer dans l’équation : croissance démographique, réchauffement climatique, nourriture disponible pour la population sont tant de critères qui pourraient faire évoluer l’alimentation des animaux de compagnie vers des solutions sans matière animale. Par philosophie et par nécessité (8).
Sources et références :
(1) de Boer J, Aiking H. On the merits of plant-based proteins for global food security: Marrying macro and micro perspectives. Ecological Economics. 2011;71:1259–1265.
(2) Dodd, Sarah A S et al. “Plant-based (vegan) diets for pets: A survey of pet owner attitudes and feeding practices”PloS one vol. 14,1 e0210806. 15 Jan. 2019, doi:10.1371/journal.pone.0210806
(3) Rothgerber H. A meaty matter. Pet diet and the vegetarian’s dilemma. Appetite. 2013;68:76–82. 10.1016/j.appet.2013.04.012
(4) Morris J. Idiosyncratic nutrient requirements of cats appear to be diet-induced evolutionary adaptations. Nutrition Research Reviews. 2002;15:153–168. 10.1079/NRR200238 [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]
(5) Verbrugghe A, Hesta M, Daminet S, Janssens G. Nutritional modulation of insulin resistance in the true carnivorous cat: A review. Critical Reviews in Food Science and Nutrition. 2012;52(2):203–208.
(6) Kanakubo, K., Fascetti, A. J., & Larsen, J. A. (2015). Assessment of protein and amino acid concentrations and labeling adequacy of commercial vegetarian diets formulated for dogs and cats. Journal of the American Veterinary Medical Association, 247(4), 385–392. doi:10.2460/javma.247.4.385
(7) Gosper E, Raubenheimer D, Machovsky-Capuska G, Chaves A. Discrepancy between the composition of some commercial cat foods and their package labelling and suitability for meeting nutritional requirements. Australian Veterinary Journal. 2016;94(1–2):12–17. 10.1111/avj.12397
(8) Okin G. Environmental impacts of food consumption by dogs and cats. PLoS ONE. 2017;12(8). 10.1371/journal.pone.0181301