Libération des orques et bélugas de Russie : le sauvetage s’annonce compliqué

Liberation Des Orques Et Belugas En Russie

Baleines béluga et orques sont emprisonnées dans des bassins minuscules, dans une mer glacée. ©Free Russian Whales

Face au scandale qu’a soulevé la capture et l’emprisonnement de baleines béluga et d’orques dans des conditions critiques, l’ordre a été donné par le gouvernement de libérer les cétacés capturés dans l’illégalité. Désormais, les scientifiques se mobilisent pour rendre ce sauvetage viable et Sibylline Océans, association de protection de la faune marine fondée par des vétérinaires, a proposé son assistance.

Maintenant que l’annonce d’une libération a été prononcée, les associations et scientifiques s’affairent pour sauver les 87 baleines Béluga et les 10 orques retenues captives dans des bassins minuscules et insalubres en Russie. Et rien n’est simple : piégés par la glace, ces animaux souffrent du froid. 12 personnes sur place se relaient avec des canons à chaleur pour essayer de maintenir une température viable. Or, si les bélugas supportent relativement bien le froid, les orques en souffrent particulièrement. Des conditions extrêmes pouvant provoquer des maladies comme des pneumonies, mortelles si elles ne sont pas traitées.

Autre souci : les cétacés sont contenus en nombre sur de petites surfaces et ils baignent dans leurs excréments. Là encore, la situation sanitaire est déplorable, favorisant la prolifération bactérienne et parasitaire, à risque pour la santé des animaux.

Plusieurs questions se posent donc avant de pouvoir les relâcher : leur santé permet-elle de les libérer sans que cela ne présente un risque pour eux et le reste de la faune marine ? Comment organiser un sauvetage viable au milieu des glaces ?

C’est ainsi que Sibylline Océans a proposé son aide pour cette mission, afin d’apporter son expertise vétérinaire et son expérience dans la gestion des sauvetages de mammifères marins. Habitués notamment à prendre en charge des animaux échoués, les vétérinaires de l’association savent s’occuper de cétacés en détresse.

 

Lesions Sur Le Dos D Une Baleine

Lésions sur le dos d’une baleine béluga captive dans l’un des bassins russes. © Free Russian Whales

 Il faut mettre en place tout un protocole pour les relâcher, on ne peut pas seulement ouvrir les grilles, les conséquences pourraient être désastreuses. On doit s’assurer en premier lieu qu’il n’y a pas de maladie, notamment respiratoire ou digestive. C’est ensuite qu’il faut se concerter pour déterminer quels seraient les paramètres essentiels et les étapes pour réussir ce sauvetage de l’extrême. Dans un premier temps, l’idéal serait de pouvoir les transférer dans un espace intermédiaire pour les soigner, réunissant de bonnes conditions sanitaires et climatiques, tout en demeurant ouvert sur l’océan pour maintenir le contact avec les courants, mouvements et bruits naturels du milieu marin. Pour leur survie, il faut pouvoir réfléchir à tous ces éléments », nous explique l’une des vétérinaires de Sibylline Océans.

Si les organisations tentent de se mettre en place pour trouver une solution pour les cétacés, rien n’est gagné : les activistes n’ont pas le droit d’approcher et les lobbies de la pêche et des delphinariums font pression de leur côté, argumentant que la liberté n’est plus possible pour ces spécimens. Un positionnement sans doute motivé par l’appât du gain, les orques étant vendues 6 millions d’euros l’unité et les baleines blanches 100.000 euros chacune.

Aux dernières nouvelles, le vice-Premier ministre Alexey Gordeyev aurait annoncé vouloir déplacer les animaux vers un nouveau centre de détention des animaux marins, près de Vladivostok. Une décision que les ONG n’approuvent pas, mais qui, en soi, n’a pas d’action concrète : le centre n’existant pas encore.

L’association Sibylline Océans a joint le gouverneur de Russie sur place, pour savoir comment mener à bien un projet de sauvetage. En attente d’une réponse, les vétérinaires sont sur le pont, prêts à se rendre à l’est de la Russie pour soigner les orques et bélugas captives au milieu de la glace.